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Traductions du Coran en Occident : des siècles de malveillance

Agence de Nouvelles d'Ahlul Bait (ABNA) : Le 25 février dernier, le Parlement autrichien a adopté une loi réglementant le culte islamique. Une disposition envisagée dans la première mouture du texte prévoyait d’imposer une traduction officielle du Coran. Elle était destinée, d’après le député Kurs, à éviter les «mauvaises interprétations».
Traductions du Coran en Occident : des siècles de malveillance

Agence de Nouvelles d'Ahlul Bait (ABNA) : Le 25 février dernier, le Parlement autrichien a adopté une loi réglementant le culte islamique. Une disposition envisagée dans la première mouture du texte prévoyait d’imposer une traduction officielle du Coran. Elle était destinée, d’après le député Kurs, à éviter les «mauvaises interprétations».

Si elle n’a pas été retenue, force est de constater qu’elle renoue avec une tradition ancienne dont l’Occident chrétien ne s’est émancipé qu’au XXesiècle : celle qui veut que la traduction du Coran soit peu ou prou l’expression de l’idéologie du moment, réduite à elle.

Tout commence au Moyen âge, dans un contexte de lutte contre l’islam. Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, charge Robert de Ketton de traduire le Coran en latin. Cette première traduction, qui date de 1142-1143, est en réalité une paraphrase tendancieuse, le texte n’étant qu’un des moyens visant à réfuter l’islam.

«Il faut dire qui fut Mahomet et ce qu'il enseigna, en sorte que ceux qui liront [le Coran] sachent combien sa vie et ses enseignements furent détestables» écrira Pierre le Vénérable, auteur par ailleurs d’un Contre l’entêtement invétéré des Juifs.

Les Lumières et l'islam

La traduction de Robert de Ketton fera autorité des siècles durant. En 1550 encore, une version préfacée par Martin Luther sera publiée par Bibliander. Mais surtout elle servira de base à diverses traductions en langues nationales : la version néerlandaise publiée en 1641 s’appuie sur la traduction allemande de Schweigger, faite à partir de la version italienne d’Arrivabene (1547) qui a pour base la traduction latine de Ketton…

Il faudra attendre le XVIIe siècle pour que soit effectuée une véritable traduction, à partir du texte original. C’est celle d’André Du Ryer (1647), qui, pour la première fois, rend accessible à un large public (marchands dans le Levant, lettrés curieux de l’Orient, voyageurs) un texte sacré non biblique. Si elle rompt avec la pratique médiévale de la réfutation, elle ne s’inscrit pas moins dans un contexte politico-religieux où l’islam est considéré comme une hérésie. Dans la préface de cet Alcoran de Mahomet, l’auteur ne manque pas en effet de fustiger un «faux Prophète» dont les «absurdités» ont «infecté la meilleure partie du monde»...

Le siècle des Lumières voit la réalisation en 1720 d’une traduction éminemment supérieure, mais qui ne sera jamais publiée. Due à Antoine Galland, le fameux traducteur des Mille et une nuits, elle est animée par un grand souci d’exactitude. Le traducteur s’est notamment aidé d’ouvrages d’exégèse – dont le célèbre Tafsîr al-Jalâlayn – pour éclairer le sens des versets, une première en la matière.

Des traductions coloniales pour connaître l'«ennemi»

Plus généralement, Galland était désireux de faire connaître l’islam sur la base de sources musulmanes. Il envisageait ainsi de faire suivre sa traduction du Coran de la «Profession de foi mahométane écrite par Ghazali», c’est-à-dire la Qudsiyya qui inaugure la monumentale encyclopédie des sciences religieuses (Ihyâ’ ‘ulûm ad-dîn) du théologien musulman.


Mais le contexte politico-religieux français n’était guère propice à la publication d’un ouvrage probablement perçu comme trop favorable aux musulmans, au moment où les déistes des Lumières gagnaient du terrain et où les protestants donnaient de l’islam une image moins négative.

C’est en 1783 que paraîtra une traduction du Coran conforme à la vision déiste des Lumières. Elle est due à Claude-Étienne Savary, pour qui Muhammad, s’il n’est pas un prophète, n’en est pas moins un génie, «un de ces hommes extraordinaires qui paraissent de loin en loin sur la scène du monde pour en changer la face».

En 1841 enfin, paraît la célèbre traduction de Albin de Biberstein-Kazimirski, encore rééditée de nos jours. Commandée par le sinologue Guillaume Pauthier en 1839, soit neuf ans après la conquête de l’Algérie, elle a vocation à servir l’entreprise coloniale. Elle doit en effet permettre, comme il le souligne dans la Préface, de «connaître le caractère arabe et l’énergie fanatique de l’ennemi que nous avons à combattre dans l’Algérie»...


source : abna
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