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Syrte, d’un enfer à l’autre (Reportage)

Syrte, d’un enfer à l’autre (Reportage)

Aujourd’hui, Syrte est une ville fantôme, privée d’électricité et de couverture téléphonique sur un rayon de plus d’une centaine de kilomètres.

Plus personne. Il n’y a plus d’habitants à Syrte où les échos des tirs retentissent entre des bâtiments éventrés.

Dans ce spectacle de désolation, des combattants libyens resserrent progressivement l’étau autour des derniers membres du groupe terroriste Daech. Acculés dans le quartier N°3 en bord de mer, les terroristes refusent toujours de capituler, malgré le siège et malgré les bombardements.

Durant plus d’un an, le drapeau noir du groupe terroriste Daech a flotté sur les bâtiments publics de cette ville portuaire où des dizaines de personnes ont été emprisonnées, crucifiées ou décapitées.
Aujourd’hui, sur les murs encore debout, des slogans à la gloire de ce groupe terroriste sont effacés et remplacés par un laconique « Bye Bye Daech » (acronyme en arabe de l’EI).

Mais les terroristes ont laissé leur cachet noir sur toutes les façades des commerces numérotés et estampillés: « Office des services généraux » –écrit en arabe et en anglais — en référence à leur organe en charge de la collecte d’impôts.

Soupçonnant que l’implantation des terroristes à Syrte, en juin 2015, s’était faite avec des connivences locales, les combattants qui tentent de reprendre la ville en ont chassé les habitants et les empêchent aujourd’hui de retourner dans les zones libérées, explique Hédi, le commandant d’un groupe de combattants de Tripoli.

« On veut encore une fois nous punir en nous accusant d’avoir accueilli Daech à bras ouverts, alors que nous étions abandonnés à notre sort », déplore un responsable local de Syrte, contraint il y a quelques mois à fuir l’enfer terroriste avec sa famille.

« Syrte est comme la faible brebis parmi les loups », regrette cet homme qui préfère garder l’anonymat pour des raisons de sécurité. C’est là que le dictateur libyen a livré sa dernière bataille avant d’être tué le 20 octobre 2011 dans des circonstances toujours floues.

« Après 2011, une nouvelle milice débarquait dans notre cité tous les un ou deux mois », raconte le responsable local. « Nous étions désarmés et obligés à chaque fois de nous soumettre à leur autorité. Et finalement, (en juin 2015) c’est Daech qui est arrivé ».

Aujourd’hui, Syrte est une ville fantôme, privée d’électricité et de couverture téléphonique sur un rayon de plus d’une centaine de kilomètres.

« Nous ne voulons pas prendre de risque en laissant un ennemi potentiel derrière notre dos », ajoute Hédi, qui dit être venu combattre les terroristes « dans l’espoir de mourir en martyr ».

Même si la plupart des combattants sont de Misrata, ville située à mi-chemin entre Tripoli et Syrte, quasiment toutes les régions ont envoyé des combattants, explique ce quinquagénaire.
Hédi accompagnait un blessé au supermarché « Al-Tarabot for Shopping », un des rares bâtiments restés intacts et qui a été transformé en hôpital de campagne, avant de repartir au front.
Depuis son lancement en mai, l’opération de reconquête de Syrte a fait plus de 550 morts et quelque 3000 blessés parmi les forces antiterroristes.

Après la bataille de 2011, Syrte avait été quasiment reconstruite et des habitants dont les commerces ou les maisons avaient été détruites avaient été en partie dédommagés, explique Mohammed, un habitant de Syrte aujourd’hui réfugié à Tripoli.

« Il y a des gens qui venaient tout juste de finir la reconstruction de leurs maisons. Et là, elles sont de nouveau détruites », déplore ce père de trois enfants.

« Et le pire, c’est qu’après l’étiquette de Kadhafistes, on nous a collé celle de Daechis (ndlr: sympathisants de Daech) », ajoute-t-il. « Nous pouvons oublier la destruction, la pauvreté, la faim… Mais pas l’humiliation. Elle restera gravée à vie ».

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