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La fraternité, un impératif face au massacre de musulmans en Birmanie

La fraternité, un impératif face au massacre de musulmans en Birmanie

 

 Tariq Ramadan leur a prêté, lors de la conférence du Collectif Halte au massacre en Birmanie, main forte en dénonçant les massacres et en mettant les musulmans face à leurs responsabilités.

 

Les souffrances des Rohingyas – musulmans – de Birmanie vont-elles finir par être entendue ? C’est du moins ce qu’espère le Collectif Halte au massacre en Birmanie, dont la notoriété grandit depuis sa création en juin 2012, au lendemain des nouvelles exactions commises dans l’Etat d’Arakan. Sensible au travail accompli, Tariq Ramadan leur a prêté main forte en dénonçant les massacres et en mettant les musulmans face à leurs responsabilités.

 

« La fraternité en temps de crise : le cas des Rohingyas – musulmans de Birmanie. » Tel a été le thème de la conférence organisée dans l’Espace Chevreul de Nanterre (Hauts-de-Seine), dimanche 13 janvier, par le Collectif Halte au massacre en Birmanie, la seule structure à ce jour en France qui se mobilise pleinement contre le sort infligé aux minorités musulmanes du pays.

 

Sur le millier de personnes que pouvait accueillir la salle, seules 300 personnes ont répondu à l’appel du collectif, qui s’est pourtant donné les moyens d’attirer du monde en invitant Tariq Ramadan, qui draine habituellement des foules. La faute à la manifestation anti-mariage pour tous, qui a attiré, au même moment, jusqu’à un million de manifestants dans les rues parisiennes ?

 

Pas vraiment puisque les musulmans, premier public visé par les organisateurs de la conférence, ont été peu nombreux à avoir rejoint la « Manif pour Tous ». Un signe malheureux que le sujet des Rohingyas ne mobilise pas encore en France, où le black-out médiatique est manifeste, alors même que la fraternité est un impératif en islam. Il n’en reste pas moins que la conférence fut de qualité, oscillant entre témoignages de terrain et analyses de la situation pour mieux comprendre la réalité vécue par les musulmans mais aussi les chrétiens birmans persécutés.

 

Une épuration ethnique et religieuse à l'oeuvre

 

« On n’a pas le droit de sélectionner les opprimés, on n’a pas le droit de dire que les seuls opprimés qui nous touchent sont Palestiniens ou ceux dont parlent les médias », indique M. Ramadan, qui fut sans conteste l’intervenant le plus attendu. « Il faut qu’on ait une position de principe claire : partout où il y a de l’oppression, (…) ce n’est pas par l’émotivité médiatique qu’il faut s’engager mais par la connaissance approfondie des faits. »

 

Il appelle ainsi à « développer une conscience plus politique qu’émotive » face à « une politique génocidaire et discriminatoire » envers les populations musulmanes de Birmanie qui a commencé depuis bien longtemps, 1982 étant une date clé pour l’histoire des Rohingyas : c’est alors que cette minorité se voit priver de sa citoyenneté. Une décision qui entre dans le cadre d’une politique d’homogénéisation culturelle et religieuse au profit des seuls bouddhistes.

 

Un soutien juridique indispensable

 

« Ils veulent un soutien juridique de la communauté internationale pour qu’ils aient une carte d’identité » au même titre que les autres citoyens, insiste Mouna Dérouiche, qui témoigne inlassablement des conditions de vie terrible des musulmans qu’elle a constaté lors de son voyage en novembre dans l’Etat d’Arakan. Pour appuyer son témoignage, deux Rohingyas ont été invités à intervenir auprès du public.

 

« Ce se sont eux (les Rakhines bouddhistes, ndlr) les immigrés illégaux, pas nous », déclare Maung Hla Aung, faisant remarquer que l’Etat d’Arakan était indépendant jusqu’à l’invasion en 1784 opérée par le roi birman Bodawpaya. Une terre sur laquelle les Rohingyas, descendants de marchands arabes, vivent depuis des siècles et dont il n’est pas question de s’en aller. Les exactions à leur encontre, qui se sont multipliées depuis juin 2012, ont tout de même provoqué, outre les centaines de morts, le déplacement de 200 000 personnes, selon des estimations.

 

« Le sang palestinien n’a pas plus de valeur que le sang de mes frères de Birmanie. La liberté ne peut pas être divisée, elle appartient à toute l’humanité », martèle Ibrahim Bornat, un militant palestinien du village de Bil’in, en Cisjordanie. Un rappel fraîchement applaudi par l’assemblée qui en précède une autre de M. Dedomy : « faire que ce combat pour les Rohingyas soit un combat politique universel ».

 

Le mutisme coupable d’Aung San Suu Kyi

 

Aung San Suu Kyi, qui incarne le combat pour la démocratie en Birmanie, en prend sérieusement pour son grade. Pour M. Ramadan, son mutisme « n’est pas du tout à son honneur », qualifiant sa position de « lâche ».

 

Frédéric Dedomy, un spécialiste des questions birmanes, est plus nuancé. Affirmant l’avoir rencontré l’an passé, il explique qu'Aung San Suu Kyi n’a « clairement pas de haine envers les Rohingyas » mais ne s’est pas prononcée ouvertement pour la reconnaissance des Rohingyas. Pour lui, la peur de « perdre une popularité qui lui permet de faire avancer son projet politique pour la démocratie » a pris le dessus. Une attitude que l’expert est aussi à même de critiquer mais « si hier, elle était une icône, il ne faut pas aujourd’hui la jeter aux orties ».

 

Cependant, les Rohingyas, qui pensaient trouver en elle une défenseuse de leur cause, sont déçus de son attitude et continuent d’espérer que la communauté internationale se saisisse véritablement de la question, autrement que par l’adoption d’une résolution non contraignante pour les autorités birmanes. Le Collectif Halte au massacre en Birmanie interpelle les musulmans et les citoyens français sur leurs responsabilités dans leur silence face à cette répression oubliée.

 

 


source : http://iqna.ir
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